« Débrouille-toi, je ne suis pas ton assistante sociale ! »
Qui n’a pas une fois prononcé ou pensé cette phrase à l’égard d’une personne de
son entourage, ami(e), amant(e), collègue, … ? D’autres clichés restent
encore bien accrochés au langage pour parler des assistants sociaux :
« elle vient pour m’enlever mes enfants », « mais que font les
travailleurs sociaux ? », « elle est trop dans le social »
ou encore « je préfèrerais éviter de venir vous voir ». Comme disait
Einstein, il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome. Albert
avait bien raison ! Alors que ce métier est connu de tous, bien peu savent
en quoi il consiste. Dans cette méconnaissance généralisée, les préjugés font
office de carte d’identité et, soyons francs, les travailleurs sociaux ne
contribuent pas suffisamment à faire évoluer cette image archaïque et
inutilement émotionnelle.
Par comparaison avec les infirmiers, si leur dévouement est loué, la technicité
de leur métier ne manque pas d’être reconnue. Ce qui n’est pas le cas des
assistants de service social dont le travail se résumerait à des actes de
volontariat social.
Et bien bonne nouvelle : la réalité du métier est toute autre ! Le
travail social s’adresse à tout public pour l’accès aux droits, l’information,
l’orientation, l’accompagnement, la médiation ainsi que la protection de
l’enfance et de la famille. Ces missions nécessitent des compétences validées
par une qualification et un diplôme d’Etat. Cette exigence de
professionnalisation est fondamentale pour répondre avec pertinence et
cohérence à des situations de plus en plus complexes et fragilisées par un
contexte socio-économique dur, voire brutal.
Au moment où la professionnalisation du métier des travailleurs sociaux est
remise en cause et, pire, où la suspicion que les travailleurs sociaux fonctionneraient
« en faisant le minimum d’heures possible (…) en n’ayant pas rempli la
mission qu’on attend d’eux » (selon Alain-Gérard Slama dans l’émission de
France 3 Ce soir où jamais du 11/05/2011), il est urgent de réagir.
Alors que les diplômes d’Etat des Travailleurs Sociaux requièrent 3 années
d’études après le baccalauréat, ils continuent d’être considérés à un niveau
inférieur de Bac+2. Pourtant, l’harmonisation des niveaux de formation et des
professions prévue par l’Europe (critères de certification de Dublin) place ces
diplômes au niveau « Bachelor » (bac+3) et oblige la France à cette
reconnaissance que nous attendons depuis plus de 20 ans !
Pour les travailleurs sociaux, c’est la double peine avec d’une part des
institutions qui maintiennent injustement leur qualification au niveau
inférieur et d’autre part, les représentations négatives qui continuent de
coller à la profession.
Il faut que ça change. C’est pourquoi les travailleurs sociaux se mobilisent
pour faire évoluer leur statut et leur image. Ils appellent à la mobilisation
de tous ceux qui les soutiennent lors de la journée nationale de revendications
et de grève le jeudi 16 juin 2011 et à signer la pétition
en ligne sur le site de l’ANAS (Association Nationale des
Assistants de Service Social).
Marion GUILLOT (AS), Christine TABOURET (AS), Laurent PRINA (AS), Pierre
DUMARTIN (AS), Alain LANSDORFF (AS), Guy PELLEGRIN (AS), Stéphane CHIRON (AS),
Muriel RASS (AS), Bruno SARRAUDE (AS), Julie GOUNET (AS), Joana ARGOYTI (AS).