Association des assitants sociaux - Tribune | Samedi 11 Juin 2011

« Débrouille-toi,  je ne suis pas ton assistante sociale ! »

Qui n’a pas une fois prononcé ou pensé cette phrase à l’égard d’une personne de son entourage, ami(e), amant(e), collègue, … ? D’autres clichés restent encore bien accrochés au langage pour parler des assistants sociaux : « elle vient pour m’enlever mes enfants », « mais que font les travailleurs sociaux ? », « elle est trop dans le social » ou encore « je préfèrerais éviter de venir vous voir ». Comme disait Einstein, il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome. Albert avait bien raison ! Alors que ce métier est connu de tous, bien peu savent en quoi il consiste. Dans cette méconnaissance généralisée, les préjugés font office de carte d’identité et, soyons francs, les travailleurs sociaux ne contribuent pas suffisamment à faire évoluer cette image archaïque et inutilement émotionnelle.

Par comparaison avec les infirmiers, si leur dévouement est loué, la technicité de leur métier ne manque pas d’être reconnue. Ce qui n’est pas le cas des assistants de service social dont le travail se résumerait à des actes de volontariat social.

Et bien bonne nouvelle : la réalité du métier est toute autre ! Le travail social s’adresse à tout public pour l’accès aux droits, l’information, l’orientation, l’accompagnement, la médiation ainsi que la protection de l’enfance et de la famille. Ces missions nécessitent des compétences validées par une qualification et un diplôme d’Etat. Cette exigence de professionnalisation est fondamentale pour répondre avec pertinence et cohérence à des situations de plus en plus complexes et fragilisées par un contexte socio-économique dur, voire brutal.

Au moment où la professionnalisation du métier des travailleurs sociaux est remise en cause et, pire, où la suspicion que les travailleurs sociaux fonctionneraient « en faisant le minimum d’heures possible (…) en n’ayant pas rempli la mission qu’on attend d’eux » (selon Alain-Gérard Slama dans l’émission de France 3 Ce soir où jamais du 11/05/2011), il est urgent de réagir.

Alors que les diplômes d’Etat des Travailleurs Sociaux requièrent 3 années d’études après le baccalauréat, ils continuent d’être considérés à un niveau inférieur de Bac+2. Pourtant, l’harmonisation des niveaux de formation et des professions prévue par l’Europe (critères de certification de Dublin) place ces diplômes au niveau « Bachelor » (bac+3) et oblige la France à cette reconnaissance que nous attendons depuis plus de 20 ans ! 

Pour les travailleurs sociaux, c’est la double peine avec d’une part des institutions qui maintiennent injustement leur qualification au niveau inférieur et d’autre part, les représentations négatives qui continuent de coller à la profession.

Il faut que ça change. C’est pourquoi les travailleurs sociaux se mobilisent pour faire évoluer leur statut et leur image. Ils appellent à la mobilisation de tous ceux qui les soutiennent lors de la journée nationale de revendications et de grève le jeudi 16 juin 2011 et à signer la pétition en ligne sur le site de l’ANAS (Association Nationale des Assistants de Service Social).

Marion GUILLOT (AS), Christine TABOURET (AS),  Laurent PRINA (AS), Pierre DUMARTIN (AS), Alain LANSDORFF (AS), Guy PELLEGRIN (AS), Stéphane CHIRON (AS), Muriel RASS (AS), Bruno SARRAUDE (AS), Julie GOUNET (AS), Joana ARGOYTI (AS).