25 mai 2011 CommuniquésMedias EELV

Suite à sa rencontre avec les ONG du Grenelle de l’Environnement le 2 mai dernier, le Président Nicolas Sarkozy s’était engagé à demander un audit à la Cour des Comptes sur le coût réel de la filière nucléaire, comprenant à la fois la recherche, la construction, l’exploitation, le démantèlement des centrales et la gestion des déchets. Dans une lettre du 17 mai 2011 (rendue publique le 22 mai), François Fillon récapitulait les enjeux de cette mission à Didier Migaud, Premier Président de la cour des Comptes.

Un ordre de mission qui s’avère bien loin de toute prise en compte sérieuse d’un tel exercice selon Michèle RIVASI, députée européenne Europe Ecologie – les Verts (EELV), fondatrice de la CRIIRAD et membre de la Commission énergie du Parlement européen.

« N’oublions pas que cet audit risque de conditionner la politique énergétique de la France pour le siècle à venir: toute défaillance dans le cahier des charges aurait pour conséquence une mésestimation fatale pour la sécurité énergétique de la France, mais aussi pour le porte-monnaie des français. Cet audit n’est pas une fin en soi et doit être une première étape pour établir une véritable stratégie énergétique pour la France, en mettant en parallèle le coût d’une sortie du nucléaire sur 20 ans et un scénario énergétique 100% renouvelables à horizon 2050.

Je doute que cet audit bénéficie des experts nécessaires à sa bonne conduite. Le nucléaire doit cesser d’être la chasse-gardée des grands corps de l’Etat et cet audit doit absolument associer des experts internationaux reconnus pour leur indépendance: ils ne manquent pas! Les ONG ont justement demandé leur participation dans l’élaboration du cahier des charges et la définition de la méthode, afin de garantir l’inclusion de tous les coûts cachés jusque là par les organismes associés à la production électronucléaire. Est-ce vraiment bien sérieux d’accorder toute sa confiance aux seules données offertes par EDF, le CEA, l’ANDRA, l’ASN ou bien l’IRSN? Les experts de la Cour des comptes seront-ils vraiment à même de juger de la pertinence des chiffres fournis?

Je m’associe pleinement aux craintes exprimées par les ONG de l’Alliance pour la planète, qui elles aussi doutent de l’exhaustivité et du sérieux de cet audit. L’initiative lancée par les ONG était louable, mais la récupération politique de cet enjeu par le président Sarkozy risque fortement de n’aboutir à aucune remise en cause du paradigme énergétique français ».