Par Claude Nicolet, historien et premier secrétaire du MRC Nord.
Les résultats électoraux en Espagne du 22
mai ne doivent pas être pris à la légère. Ils s'inscrivent aussi dans un
phénomène qui se répand non seulement à travers toute l'Europe mais concerne
aussi et en grande partie la jeunesse. Irlande, Grèce, Portugal, Espagne,
Italie bientôt...Des chiffres effrayants pour l'Espagne, 45% des jeunes au
chomage, des salaires parmi les plus bas du monde occidental, des licenciements
dans la fonction publique, baisse des salaires, baisse des pensions et des
retraites...
Il est clair qu'aujourd'hui, et bien au delà de la lutte contre les déficits
publics qui sont le nouveau graal des libéraux, c'est l'organisation même, dans
la structure des politiques macroéconomiques mises en oeuvre par l'Union
européenne, qui doit être totalement repensée.
L'Union européenne et la zone euro ne peuvent plus fonctionner au seul profit
de l'Allemagne et de son économie. L'excédent commercial de l'Allemagne ne peut
plus se faire au détriment de ses partenaires européens dont la France. L'identité,
l'organisation, l'histoire, les spécificités des économies nationales
composantes de l'économie européenne sont trop différentes pour imaginer
qu'elles puissent fonctionner de façon homogène.
En ayant pratiqué une politique de forte déflation salariale au sein d'une même
zone monétaire, l'Allemagne est devenue une véritable pompe aspirante des
capitaux en euro et en bénéficiant de l'excellence du « made in
Germany » elle accumule les exédents.
Euro cher et déflation salariale, si cela sert les intérêts de l'Allemagne (et
pas forcément ceux de ses salariés), ça ne peut aboutir qu'à l'austérité à
perte de vue pour tous les autres. Est-ce pour cela que les peuples et en
particulier la jeunesse ont cru au rêve européen? Or ce rêve est en train de se
retourner. Ce cauchemar en perspective ne devrait pas cesser d'interroger les
responsables politiques qui ont fait la promotion d'un modèle qui fait faillite
sous nos yeux. D'ailleurs la jeunesse espagnole n'appelait à voter pour aucun
des deux grands partis (PSOE ou PP).
Le fonctionnement de la zone euro doit bien sûr être revu. Sinon le Parti
socialiste français ne pourra offrir de perspectives politiques dignes de ce
nom en 2012. Une preuve? Le PSOE vient d'en être victime.
Jeudi 26 Mai 2011 Source : marianne2.fr