Reportage

« Dans le nucléaire, Areva est leader en Europe, aux États-Unis et occupe une position très forte en Asie. Nous voulons devenir un acteur de poids dans les énergies renouvelables. Avec toujours le même objectif : produire de l'énergie avec moins de CO2 ».

 

Lundi matin, Anne Lauvergeon dans un amphithéâtre de l'Esix, l'école supérieure d'ingénieurs de Cherbourg. La présidente du directoire d'Areva « vend » son entreprise aux élèves ingénieurs. Une visite pour saluer les relations entre l'école et l'usine Areva-la Hague. Relations appelées à se renforcer avec le lancement à la rentrée 2011 d'une option « Opérations nucléaires ».

Mais dans les esprits des Cherbourgeois, l'éolien en mer devance, pour une fois, le nucléaire. Avant sa rencontre avec les étudiants, l'ancienne collaboratrice de François Mitterrand a visité le port de Cherbourg. A ses côtés, le député-maire PS Bernard Cazeneuve et le président PS de la Région, Laurent Beauvais. Objectif pour les Normands : séduire la présidente d'Areva. En jeu : la création d'une usine pour construire les mats, nacelles et pales des futures éoliennes en mer (Ouest-France de vendredi).

« La carte du coeur »

Anne Lauvergeon rappelle le calendrier du lancement de l'éolien en mer français : « Areva s'est associé avec GDF-Suez et Vinci pour répondre à l'appel d'offres lancé en juin par le gouvernement. Il concerne cinq parcs éoliens en mer à Dieppe, Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. Pour un total de 3 000 mégawatts soit 600 machines. Si nous sommes retenus, nous devrons créer une base industrielle. Nous avons présélectionné trois sites : Dunkerque, Saint-Nazaire et Cherbourg. A la clé, 4 000 emplois dont 1 000 directement chez Areva. Nous ferons connaître notre choix dans les prochains mois ». Une perspective très alléchante pour un port de Cherbourg à la peine.

Anne Lauvergeon a pu se rendre compte que l'espace, les équipements dont des quais capables de supporter de lourdes charges existaient. « Nos équipes évaluent actuellement les forces et les faiblesses des trois ports, explique-t-elle. La balle est également dans le camp des collectivités locales. Les territoires doivent mettre en valeur les conditions d'accueil. Parmi elles, se posent les questions de fiscalité et de formation ». Bernard Cazeneuve a bien préparé ses fiches : « Nous avons voté la semaine dernière un investissement de 40 millions d'euros pour agrandir les quais ».

Hier, les Cherbourgeois ont guetté le moindre signe positif. Anne Lauvergeon s'est est sortie par une pirouette : « Avec notre implantation ancienne avec l'usine de la Hague, Cherbourg peut jouer la carte du coeur ». Cette carte suffira-t-elle. Dans la concurrence économique, le coeur n'a pas toujours sa place.

Jean-Christophe LALAY. Ouest France