Courrier International 19.05.2011 | Martin Lutz, Daniel Wetzel

Face au risque d’accident nucléaire, la commission d’éthique mise en place par la chancelière Angela Merkel (CDU) plaide pour une sortie du nucléaire d’ici à 2021 au plus tard. Les sept réacteurs qui ont déjà été arrêtés provisoirement par le gouvernement ne doivent pas être remis en service à l’expiration du moratoire de trois mois, selon la commission [le gouvernement avait décidé d’arrêter les centrales les plus anciennes au lendemain de l’accident nucléaire de Fukushima]. C’est ce qui ressort du projet de rapport final dont Die Welt a obtenu un exemplaire. La commission est dirigée par Klaus Töpfer (CDU), ancien ministre de l’Environnement, et Matthias Kleiner, président de la Fondation pour la recherche allemande, et compte des représentants du monde des affaires, de la science et des églises. Elle avait été constituée par Angela Merkel après la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon. Elle devait remettre son rapport définitif au gouvernement le 30 mai. Le projet de rapport final de la commission d’éthique circule déjà dans les médias. Il ne s’agirait là cependant que d’une première réunion d’idées et d’arguments, et le texte n’a pas encore eu l’aval de la commission dans son ensemble.
Les représentants de l’industrie craignent qu’en cas d’arrêt rapide des centrales, les milliards que coûterait la mise en place d’une énergie écologique ne désavantagent l’économie allemande. 
Le gouvernement s’appuiera sur le rapport final de la commission d’éthique pour élaborer le 6 juin une législation fixant une date limite pour le recours à l’énergie nucléaire.
Le Bundestag et le Bundesrat se prononceront au plus tard le 8 juin sur ce texte. 
Pour ne pas mettre en péril l’approvisionnement en électricité, la commission d’éthique compte proposer de garder les centrales arrêtées en stand-by, comme centrales de réserve. Elles pourraient être relancées en l’espace de quelques jours en cas de problème d’approvisionnement. Selon Rainer Brüderle, le ministre de l’Economie (FDP), les propositions de la commission d’éthique sont réalisables, même si elles auraient pour effet d’augmenter le prix de l’électricité.