La "catastrophe" ne désigne-t-elle pas justement cette situation où l'on dépasse le simple risque, où l'on change de logique  ? Tout d'un coup, des risques qu'on pensait distincts et maîtrisables pris séparément se révèlent indissociables, enchevêtrés, nous révélant la nécessité de placer la réflexion à un autre niveau. En ce sens, la catastrophe n'est pas seulement un terme qui désigne un risque en grand, un risque majeur, ou le sommet de l'échelle des risques. Il s'agit d'autre chose.  Parler de catastrophe a un sens quand on se situe hors de l'échelle des risques (isolables, calculables, indemnisables…) et qu'on doit reconnaître la fragilité des installations humaines de manière plus radicale. Les trois événements ne sont pas séparables, et leur enchaînement, même s'il n'a pas été anticipé, suit une logique très lisible. C'est leur interaction qui est "catastrophique".

Pourquoi le thème de la catastrophe s'est-il imposé en quelques années au centre de nos représentations techniques et politiques ? Et en quoi peut-il constituer un objet de réflexion, au-delà des urgences de l'actualité ? Nous reprenons ici un article écrit par Jean-Pierre Dupuy sur un précédent tsunami, celui qui frappa les côtes de l'océan indien en 2005. Nous renvoyons aussi au dossier spécial que nous avions consacré en 2008 à la nécessité de "penser les catastrophes".