LEMONDE.FR avec AFP  04.05.11

La réflexion sur la construction d'un réacteur pressurisé européen (EPR) de troisième génération envisagée à Penly (Seine-Maritime) a été "stoppée", estime dans un entretien au magazine économique Challenges, Christophe de Margerie, le PDG du pétrolier Total, associé au projet. "La réflexion sur le projet a été stoppée. Il y avait un calendrier, des dates potentielles, il n'y en a plus", a déclaré M. Margerie dans cet entretien à paraître dans le magazine de jeudi, et mis en ligne dès mercredi sur le site Internet de Challenges.

"La suite dépendra de décisions prises sur d'autres centrales nucléaires. Penly, c'est une question de besoin, une question politique : de combien d'électricité nucléaire veut-on disposer en France à l'horizon 2020-2030 ?" a jugé M. Margerie. Ce réacteur, dont la construction avait été annoncée en janvier 2009 par Nicolas Sarkozy, sera le premier à ne pas être détenu à cent pour cent par EDF en France et le deuxième EPR français, après celui de Flamanville (Manche), actuellement en cours de construction.

Mercredi après-midi, le ministre de l'énergie, Eric Besson, a démenti cette information, affirmant que l'EPR de 3e génération à Penly (Seine-Maritime) n'était"absolument pas bloqué", tout en reconnaissant une "incertitude" sur le calendrier. "Contrairement à ce que suggère Christophe de Margerie, le dossier de l'EPR de Penly n'est absolument pas bloqué", a déclaré M. Besson en marge d'une conférence de presse.

"IL N'EST PAS QUESTION D'INSTAURER UN MORATOIRE SUR L'EPR"

"Ce n'est pas parce qu'il y a pu y avoir une modification ou une incertitude sur le calendrier que nous sommes en train de préparer qu'il faut en conclure que le dossier serait bloqué, qu'il aurait été volontairement stoppé", a déclaré le ministre de l'énergie. M. Besson a renvoyé aux propos du président Nicolas Sarkozy, qui s'est rendu mardi à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord). "Le président a été relativement clair hier à Gravelines : il n'est pas question d'instaurer un moratoire sur les réacteurs de 3e génération, auquel appartient l'EPR", a affirmé M. Besson. Le ministre a précisé qu'il allait discuter du sujet avec Christophe de Margerie "dans les prochains jours".

GDF Suez a annoncé l'an dernier qu'il se retirait de ce projet dont il devait détenir 25 %. EDF devait, lui, avoir une part de 50 % contre 8,33 % pour le pétrolier Total, tandis que l'italien Enel et l'allemand Eon se partageaient le reste du capital. Une enquête publique sur l'opportunité de construire ce réacteur devait se tenir du 1er juin au 15 juillet en vue d'une autorisation de construction avant le 31 mars 2012.