Blocage de l'EPR de Flamanville : un dialogue de sourd

Ainsi, deux camions ancrés dans le sol ont bloqué les grilles d'entrée du chantier alors que des activistes empêchaient 3 des grues du chantier de fonctionner, rendant la reprise des travaux est impossible. Aucun manifestant n'est entré sur le site en exploitation de Flamanville. 

« La situation japonaise impose une remise en question du nucléaire et la première des choses à faire est d’arrêter de construire de nouveaux réacteurs, a déclaré Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace. L'EPR en particulier pose des problèmes de sûreté que l'ASN a pointés du doigt il y a quelques semaines. L'autorité de sûreté doit prendre ses responsabilités et faire immédiatement appliquer un moratoire sur ce chantier. »

"Cette intrusion n'a en rien menacé la sécurité sur le chantier EPR, sur lequel aucune activité n'était en cours au moment de l'intrusion" a indiqué en fin de journée le ministère de l'industrie et de l'énergie, dans un communiqué. Eric Besson a pour sa part condamné cette intrusion et rappelle que le réacteur EPR est le réacteur nucléaire "le plus sûr au monde parmi les réacteurs nucléaires construits, en construction ou faisant l'objet de propositions commerciales."

Selon Greenpeace, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire, André-Claude Lacoste, avait décrit peu après le début de la catastrophe de Fukushima, 4 failles importantes de sécurité en relation directe avec la situation au Japon. En conséquence, l'ASN « envisage » de mettre en place un moratoire sur la construction de ce nouveau réacteur en France.

Invitée à 13h à l'Elysée, avec d'autres ONG, par Nicolas Sarkozy, Greenpeace en a profité pour délivrer ce message directement au président de la République. Elle dénonce également une tentative de la part du gouvernement français de "couper court au débat sur l'énergie et le nucléaire qui semble enfin trouver un écho dans l'opinion publique française".

Entre-temps, les activistes enchaînés aux grilles et les camions qui bloquaient l'entrée du chantier EPR de Flamanville (Manche) ont été délogés en fin de matinée, hormis les grimpeurs de Greenpeace qui occupaient toujours les 3 grues, empêchant toute reprise des travaux.

Le bras de fer continu entre les 2 parties. 


Alors que le gouvernement veut poursuivre la construction du réacteur EPR Flamanville 3, sous le contrôle de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), Greenpeace demande la suspension immédiate de tous les projets nucléaires français, en France et à l'étranger ainsi qu'une sortie progressive du nucléaire.

L'Etat assure que comme pour l'ensemble de ses installations existantes, EDF intègrera les demandes éventuelles de l'ASN à l'issue des audits en cours suite à l'accident de Fukushima et dont les conclusions sont attendues pour la fin de l’année. L'ONG demande de son côté la garantie d'un accès à une information objective et contradictoire sur l'énergie nucléaire – les risques, les coûts, son impact sur les émissions de gaz à effet de serre, son rôle en termes d’indépendance énergétique, etc. – grâce notamment à la levée du « secret défense » et du secret commercial.