Sur la scène du Théâtre Rutebeuf, il déroulera un discours de programme, son « rêve français », écrit lors du week-end pascal en Bretagne. Quarante-cinq minutes pour donner sa vision de la France et revêtir les habits de présidentiable. Il détaille pour 20 Minutes les idées de son programme qu’il chiffre à 50 milliards sur cinq ans.

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Elu en 2012, que mettriez-vous en place lors des cent premiers jours?

D’abord, une réforme fiscale. Ensuite, des « assises de la démocratie sociale » avec tous les acteurs sociaux pour établir l’agenda des cinq ans. Enfin, l’acte de décentralisation pour mettre en place les outils de ma politique.

 

Pourquoi faire de la fiscalité la mère de toutes les réformes?

C’est la condition de la réussite du changement en 2012. Il ne faut plus de niches qui affectent l’idée même d’égalité devant l’impôt. Il faut simplifier et mieux redistribuer. Ça passe par une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu [ce dernier est souvent miné par les niches fiscales, alors que la CSG est retenue à la source].
 

Une réforme compliquée à mettre en œuvre, selon certains.

 
Elle pourrait être votée à l’automne et elle serait appliquée étape par étape pendant tout le mandat. Rien ne doit se faire dans la brutalité et la précipitation. Cela a beaucoup nui à Sarkozy.
 

L’autre chantier prioritaire de votre programme est celui de la jeunesse...

 
Plus aucun jeune ne doit sortir du système scolaire sans une qualification. Le cycle primaire doit être la priorité éducative. Ça veut dire plus de moyens, plus d’instituteurs. Ensuite, je veux mettre en place un référent qui suivrait l’élève tout au long de ses choix, pas seulement au moment où il doit se décider, en 3e ou avant le bac. Il y a trop d’élèves dirigés vers des filières qui ne débouchent sur aucun emploi.
 

En parlant d’emploi, vous évoquez l’idée de mobilité territoriale?

 
La mobilité est vécue souvent comme un déracinement par les jeunes attachés à leur quartier. Mais il n’y a pas de frontière à l’intérieur de la France. Et il y a des territoires ruraux qui ne demandent qu’à accueillir des jeunes, alors que nous avons une concentration de population trop forte en Ile-de-France. On peut aussi imaginer des emplois francs. Le jeune qui vient d’une zone défavorisée pourrait avoir un statut de salarié particulier et être plus facilement employé partout en France grâce à une exonération [un système copié sur celui des zones franches].
 

Mais auront-ils envie de quitter leurs proches?

 
Si l’emploi est ailleurs, pourquoi rester figé dans une réalité territoriale? La mobilité ne doit pas être réservée aux élites qui partent à l’étranger.
 

Qu’est-ce que votre contrat de génération?

 
Je souhaite qu’un employeur qui s’engagerait à garder un senior jusqu’à la retraite tout en embauchant un jeune de moins de 25 ans ait le droit à une double exonération de ses cotisations. Trop souvent, une mesure en faveur de l’emploi des jeunes favorise l’exclusion d’autres catégories.
 

Le pouvoir d’achat est le premier sujet d’inquiétude en France...

 
Et ce sera à mon avis le grand thème de 2012. Je réfléchis en ce moment à un nouveau mode de calcul du smic en essayant de prendre en compte la croissance du pays. Je suis également pour améliorer la règle de la participation. dans les entreprises. Il faut augmenter cette réserve destinée aux salariés et que cette somme ne soit maintenant bloquée que trois ans et non plus cinq.
 

Sur beaucoup de sujets (fiscalité, retraite, etc.), vous êtes totalement en phase avec le projet du PS...

 
Bien sûr, et heureusement. Ce que j’apporte de mon côté, c’est d’abord un thème principal : la réussite des jeunes. Ensuite un ordre de priorité : éducation, logement, justice fiscale. Et j’y ajoute mes instruments : contrat de génération, nouvel acte de décentralisation, engagement pour la mobilité des jeunes.
 

Quel est votre «rêve français»?

 
Il faut aller chercher les Français dans ce qu’ils ont de meilleur. Leur parler  aussi de notre histoire, de la France, cette grande nation qui a franchi des étapes bien plus redoutables que la mondialisation.
 
François Hollande en vidéo, c'est à voir en dessous:
 

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 Propos recueillis par Matthieu Goar, vidéo: Romain Vitiello

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