L’EPR
Les choix technologiques dans lesquels nous nous entêtons pourraient bien nous
être fatals, sur le plan financier, industriel et économique. Le fleuron de la
technologie française EPR est en passe de virer au cauchemar, pour EDF, AREVA
et les finances publiques.
Un coût astronomique
Si le risque financier de l’EPR est immense, ses avantages technologiques sont
maigres: il ne s’agit en rien de saut technologique. Le coût de revient des
nouvelles centrales nucléaire est beaucoup plus élevé que le coût généralement
avancé. Le Bureau de suivi du budget du Congrès américain a indiqué en 2008 que
les coûts réels de construction de 75 des centrales du parc actuel avaient
dépassé de plus de 300 % les estimations qui avaient été faites par l’industrie
nucléaire, soit une progression de 0,938 à 2,959 dollars par kW installé. Le
coût d’une nouvelle centrale nucléaire est actuellement évalué par Moody’s à un
montant de 5.000 et 6.000 dollars par kW installé, à 8.000 dollars par la
société Florida Power & Light pour la construction de deux nouvelles unités
nucléaires à Turkey Point dans le sud de la Floride. Et ces estimations
n’incluent pas les frais de traitement et de stockage des déchets nucléaires.
En août 2008, le Département de l’Energie a fourni une nouvelle estimation du
coût d’aménagement et de gestion de Yucca Montain, le site centralisé de
stockage déjà en construction au Nevada. Les estimations ont bondi de 57,5
milliards en 2001 à 96,2 milliards aujourd’hui, ce dernier chiffre couvrant
simplement les coûts jusqu’en 2013. Cette évaluation explique sans doute
l’absence de reprise de projets nucléaires aux Etats unis et l’abandon de Yucca
Montain.
En France, le coût de l’EPR de Flamanville initialement prévu à 3Mds a été
réévalué à 4 Mds d’euros, puis 5Mds (20% à 40 % de plus que prévu). Et c’est un
minimum compte tenu du précédent finlandais et de l’estimation américaine
sus-évoquée qui conduirait plutôt à un coût de 6 à 8 Mds d’euros.
Effectivement, depuis que le groupe Areva a démarré la construction, en 2005,
d’un EPR en Finlande, il a vécu un véritable enfer. Des malfaçons en série, la
remise en cause par les autorités finlandaises de la sécurité du site ont
pulvérisé le calendrier initial avec un retard de 44 mois. Le chantier devrait
coûter, au total, 6 milliards d’euros au lieu des 3 milliards prévus avec une
mise en service au mieux en 2013 avec le dernier retard annoncé de 6 mois. La
situation des 2 EPR en construction impacte très lourdement les finances de EDF
et Areva. Mais les finances publiques pourraient être sollicitées; en effet, la
COFACE garantit l’EPR finlandais, à hauteur de 610M d’euros, pour le compte de
l’Etat. Mais outre le fait que cette somme est très insuffisante, cette
garantie est remise en cause par la Commission européenne.
Des problèmes de sécurité de plus en plus préoccupants
Le coût n’est pas seul en cause; plus grave encore, la sûreté qui est
l’argument de vente de l’EPR est contestée par les Autorités de sureté. Après
l’autorité finlandaise, ce sont les autorités de sûreté nucléaire britannique,
française et finlandaise qui avaient en effet émis en novembre 2009
d’importantes réserves sur le « contrôle-commande » de l’EPR. Cette mise en
cause conjointe intervenait 6 mois après la première mise en cause de
l’Autorité de sûreté anglaise. Le 15 octobre 2009, l’ASN avait indiqué à EDF
que la sûreté d’un équipement constitutif du contrôle-commande du réacteur EPR
de Flamanville 3 n’était pas démontrée et avait demandé à EDF notamment
d’apporter des éléments de justification complémentaires et d’examiner des
dispositions de conception différentes », rappelle l’ASN dans une note diffusée
sur son site internet. Les « éléments de justification » fournis par EDF n’ont
pas été jugés convaincants par l’ASN, a expliqué à l’AFP Guillaume Wack,
directeur des centrales nucléaires à l’ASN. En 2010, c’était au tour de
l’autorité de sûreté nucléaire états-unienne de mettre en cause la conception
de l’EPR. Elle critiquait la trop grande complexité du système et le manque de
redondance de certains dispositifs de sécurité.
Cette question est aussi au cœur du document interne à EDF rendu public et non
démenti, mettant l’accent sur le risque lié en particulier à certains modes de
pilotage du réacteur EPR qui pourraient provoquer l’explosion du réacteur à
cause d’un accident d’éjection de grappes (qui permettent de modérer,
d’étouffer la réaction nucléaire). Ces critiques mettent en cause les choix
techniques dus à des impératifs de rentabilité. Ces documents publiés en
septembre 2010 font état de 3 formes de vulnérabilités :
- Celle des soudures de l’enceinte des mécanismes de commande des grappes : 4
soudures au lieu d’une seule. La soudure unique minimise les fuites, est exigée
par les textes, et surtout réduit le risque d’une défaillance de l’étanchéité
de l’enveloppe des mécanismes de contrôle des grappes. Cette défaillance
pourrait être à l’origine d’un risque d’éjection d’une grappe de commande
- celle de l’acier inoxydable utilisé dans les enveloppes des mécanismes de
commande de grappes (MCG) : cet acier vieillit très mal et n’est pas adapté
pour les parties soumises à pression du circuit primaire principal d’un
réacteur nucléaire. Or, de manière surprenante, le document EDF le reconnaît
expressément : « Sur ces aciers très durcissant, de faibles erreurs sur la
température ou sur le temps de fonctionnement ont de grandes conséquences sur
leur comportement ». L’utilisation de ce type d’acier a toujours été proscrite
sur le Parc nucléaire pour les parties soumises à pression du Circuit Primaire
Principal. Son utilisation pour les mécanismes EPR a donc été remise en
question, d’où une régression d’autant plus notable que cet acier ne satisfait
pas aux critères habituels ESPN (Equipements Sous Pression Nucléaires)
- celle de l’absence de dispositif de blocage de l’éjection des grappes de
commande. Or, selon une note rédigée par le Chef du Département combustibles
nucléaires à EDF en 2001, les éjections de grappe peuvent conduire à un
accident de type Tchernobyl : « L’accident de Tchernobyl, en 1986, est dû à une
réactivité non contrôlée, à la suite de laquelle le cœur a fondu puis explosé.
….Les accidents de réactivité pourraient intervenir alors que le réacteur est
en pleine puissance. Par rupture du treuil ou du capot, une ou plusieurs
grappes de contrôle pourraient être éjectées » précise cette note.
Enfin, toujours selon le même document, un dispositif de blocage de l’éjection
des grappes de commande limiterait le risque d’accident de réactivité. Or il
n’y a pas de dispositif de blocage d’éjection des grappes de commande prévu sur
l’EPR. La solution est « évidente » pour le chef du département combustibles
nucléaires à EDF: «L’idéal serait d’essayer, pour les réacteurs du futur, de ne
plus prendre en compte ce type d’accidents « . Dans ces conditions, les réserves
des autorités de sûreté sont parfaitement compréhensibles et légitimes.
Seront-elles respectées ? Areva semble avoir fait le forcing pour ne pas
changer les choix technologiques sur les grappes de commande, pour des raisons
financières évidentes. Mais qui prend le risque ? En décembre 2010, Areva
annonçait triomphalement que « les autorités compétentes ne remettront pas en
cause l’architecture du système de contrôle-commande » ou système de pilotage
du réacteur. Cela n’empêche pas la sévérité du rapport Roussely : « la
complexité de l’EPR […] est certainement un handicap pour sa réalisation et
donc ses coûts ».
Ce fiasco financier et a minima cette controverse sur la sûreté ont une
conséquence évidente : un fiasco commercial et industriel. En effet, même si on
ne peut pas parler comme le voudrait la Doxa française de relance générale du
nucléaire dans le monde, puisque en réalité il n’est pas certain que les
réacteurs en construction permettent de maintenir le taux de production
actuelle d’électricité par des centrales nucléaires, il n’en demeure pas moins
qu’un certain nombre de centrales sont actuellement en construction. L’échec
d’Abu Dhabi ne s’explique pas seulement par la concurrence entre EDF, Areva et
Suez. Si Areva construit 4 EPR (dont 2 en Chine en partenariat), les succès
commerciaux sont ailleurs : Kepco, compagnie sud coréenne construit 10
réacteurs et en a 6 en projet ; Rosatom en construit 7 en Russie, 2 en
Slovaquie, 2 en Bulgarie, 1 en Iran, 2 en Inde, 1 au Kazakhstan.
La Chine, qui « nationalise » les réacteurs étrangers, particulièrement les
réacteurs français dans des collaborations qu’elle dirige, termine la
construction de 6 réacteurs; 11 autres sont planifiés, en addition aux 6
réacteurs de Génération III qu’ils ont commandés à Westinghouse et AREVA.
Dans ces conditions, on peut se demander si le choix de l’EPR par la France a
été le meilleur pour l’exportation alors même que sont aujourd’hui préférés de
plus petits réacteurs, de quelques dizaines de MW à moins de 500MW. De plus si
les normes de sécurité européennes sont effectivement plus élevées, les débats
autour de la sécurité de l’EPR ont fortement entamé son avantage sur ce sujet.
Ainsi, ce choix industriel pourrait bien devenir catastrophique sur le plan
financier comme sur le plan industriel.
Ceci explique peut-être pourquoi le projet de Penly semble si ce n’est
abandonné au moins largement retardé. Quant à Suez, qui est sorti du projet de
Penly, il rêve de pouvoir construire des petits réacteurs dans la vallée du
Rhône.
Pour le moment, on ne peut que nourrir les craintes les plus grandes sur
l’avenir de l’EPR sur le plan commercial et par voie de conséquence sur
l’avenir des investissements immenses qui ont été faits en sa faveur. Quant à
l’avenir de l’EPR de Flamanville, il conviendra avant tout de veiller à la
sûreté. Au-delà des conséquences financières de cette tragédie commerciale,
industrielle et donc économique pour l’industrie nucléaire, c’est avant tout
une tragédie pour l’avenir de l’industrie française complètement et
délibérément sacrifiée à la filière nucléaire et un risque nouveau en termes de
sûreté qui serait pris en cas d’achèvement de Flamanville.
ITER
Le cas d’ITER est d’une tout autre nature. Rappelons que ce projet,
financé au départ par la France, l’Europe, les États-Unis, la Chine, la Corée,
l’Inde, la Russie et le Japon a pour objet de réaliser une expérience de 6
minutes permettant de savoir si la fusion nucléaire est possible. Si
l’expérience s’avérait positive, il s’agirait dans un deuxième temps, de construire
un prototype qui devrait être réalisé au Japon. Puis, si cette expérience
débouchait, on pourrait passer à une phase industrielle. La fusion nucléaire
est un mythe ou un espoir qui depuis 30 ans assure que l’opération sera
possible dans 30 ans. Au lancement du projet, il était question d’une
hypothétique phase industrielle en 2050. Il n’en n’est plus question avant le
denier quart de siècle, voire le 22éme !
Le projet est pharaonique. Situé à Cadarache, il implique la réalisation d’une
plateforme qui représente quatre fois celle qui est nécessaire pour une
centrale nucléaire. Par exemple, 100 km de route doivent être construites pour
acheminer les composants de Berre à Cadarache. Le coût de cet ouvrage, non
encore achevé, a déjà bondi à 110M€ au lieu des 82 millions€ initialement
prévus, dont 72 millions € payés par le Conseil général des Bouches-du-Rhône,
c’est-à-dire le contribuable départemental et le reste la charge du
contribuable national !
39 bâtiments d’un volume total de 750 000 m3 doivent être réalisés avec
notamment le hall du tokamak de plus 60 mètres de haut et lourd de 23000
tonnes… La fabrication des structures du réacteur nécessitera quant à elle
10.000 tonnes d’aciers refroidis à moins 269 degrés et environ 130 tonnes de
nobium-étain par an sur les trois ans à venir, alors que la production mondiale
de cet alliage n’est encore que d’une tonne par an ! De plus, cet ouvrage qui
ne produira jamais d’électricité consommera 600GW/h par an et ceci pendant 20
ans soit environ la consommation annuelle d’une ville de 100 000 habitants !
Sans compter ses importants besoins en eau : 1,5 millions de mètres cubes par
an…
On peut comprendre le coût exorbitant de ce projet qui n’a jusqu’à présent
employé que 500 personnes alors que 300 appels d’offres ont été lancés et que
382 millions d’euros ont déjà été dépensés. Le coût du projet, en ce qui
concerne la phase de construction, s’est envolé, passant de 8 à plus de 15
milliards d’euros, dont 45% à la charge de l’Europe. Le coût pour la France,
qui supporte à elle seule 20% du projet total est passé de 800M à 1,3Mds
d’euros. Une paille !
Le budget européen nécessaire à été réévalué de 2,7 milliards à 7,2 milliards
d’euros entre la première estimation en 2001 et le devis définitif confirmé fin
mars 2010.
Comment s’explique cette dérive massive qui ne concerne pour le moment que la
phase de construction du bâtiment à l’exclusion du financement de toute
l’infrastructure qui sera nécessaire à l’expérimentation elle-même ? La hausse
des matières premières, la révision de la technologie, la sécurisation
antisismique n’expliquent pas tout. La responsabilité incombe au manque de
contrôle de la dépense et surtout aux carences dans la coordination de chaque
participation nationale, les contributions se faisant essentiellement en nature
et seulement au niveau du 10 % en argent.
Quoiqu’il en soit, le débat au Parlement européen a été particulièrement vif
puisque 1,4 milliards d’euro ont été réclamés pour la seule période de 2012 et
2013. Ce débat qui a remis en question le financement d’ITER a conduit à
plusieurs discussions de fond. Deux sujets majeurs ont été abordés. Le premier
concerne les modalités de financement de ces 1,4Mds € supplémentaires. En
l’absence de crédits nouveaux, ces besoins ont rendu nécessaires des ponctions
et un redéploiement d’autres budgets. La Commission a proposé de ponctionner le
budget agricole de 400 millions d’euros, le budget recherche de 460 millions,
et de redéployer une partie des crédits concernant le changement climatique,
les crédits administration et liberté/ justice. La France a réellement pesé de
tout son poids pour que ce budget soit maintenu, malgré les conséquences sur
les autres crédits recherche et sur le budget agricole.
Le second sujet concerne la pérennité du projet. « Bruxelles ne libérera
l’enveloppe 1,4 milliard d’euros pour engager le gros du chantier en 2012 et
2013 qu’à cette condition, insiste le porte-parole de la commissaire en charge
du dossier. On ne peut pas s’engager si on n’en a pas les financements. Il y va
de la pérennité de ce projet, dont l’Europe assure 45 % du coût total. » Or, le
coût final reste totalement indéterminé et personne ne sait ce qui se passera
pour les années postérieures à 2013. C’est sans doute pour cette raison que le
26 janvier 2011, le directeur général de l’énergie, abordant les progrès du
réacteur, a indiqué que le financement au titre du 7e programme-cadre était
franchement « très limité ». « Nous devons nous recentrer sur les choses qui
font la différence aujourd’hui. » Philip Lowe voudrait voir une redéfinition
des priorités de financement qui soit favorable au stockage de carbone au
niveau tant européen que national. « Il y a un problème de financement, ne nous
voilons pas la face », a poursuivi l’orateur. Il ne se résoudra pas uniquement
en réaffectant des fonds européens. Il faudra que les Etats membres eux aussi
soutiennent financièrement la recherche.
Ainsi, non seulement la France plombe ses finances avec ce projet, mais elle
exige de l’Europe qu’elle plombe aussi les siennes, au détriment d’autres
secteurs de recherche.
La remise en cause du projet ITER apparaît d’autant plus justifiée que,
quelques semaines avant de disparaître, le professeur Charpak, prix Nobel,
avait demandé l’arrêt de la construction de ce réacteur. Ce grand défenseur de
l’énergie nucléaire, avait qualifié le projet ITER de » réacteur hors de
prix et inutilisable » ; pour ce grand spécialiste, aucun obstacle scientifique
n’avait été surmonté pour maîtriser la fusion nucléaire, ni n’était en voie de
l’être. Le professeur Charpak et deux autres physiciens avaient proposé de se
concentrer sur les centrales nucléaires de la quatrième génération. Mais c’est
la question du temps qui était majeure pour le professeur Charpak. En effet,
même si le projet devait à l’origine être opérationnel vers 2026, ce qui paraît
plus que jamais improbable, le premier réacteur en capacité de produire de
l’électricité était envisagé vers 2050. Or, le directeur général de l’énergie
vient de déclarer qu’il faudrait plutôt attendre 2075. Dans les deux cas de
figure, cette solution, à supposer qu’elle soit possible, ce qui est hautement
improbable, n’apporterait en toute hypothèse strictement aucune solution au
cours du XXIe siècle pour lutter contre le changement climatique et permettre
le changement énergétique indispensable.
C’est la raison pour laquelle, à la fois pour des questions financières et
budgétaires, comme pour des questions de recherche et industrielle, il serait
hautement préférable de stopper dans les investissements plutôt que de
persévérer et de devoir arrêter dans quelques années pour insuffisances
budgétaires. Ce choix apparaît d’autant plus rationnel que les besoins en
termes de recherche sont immenses pour permettre le passage à une société
assise sur la sobriété énergétique et les ENR. Or, l’immensité des crédits
consacrés à un projet qui pourrait être utile dans 60 ans dans le meilleur des
cas, prive aujourd’hui les autres filières de recherche comme d’application
industrielle des fonds indispensables à une réindustrialisassions de l’Europe.
Mais, la France s’entête et persévère mettant ainsi à la charge du
contribuable, et en réalité sans pratiquement de retombées économiques et
financières, une charge colossale qui ne pourrait qu’augmenter considérablement
si nous persévérerions dans cette attitude puisque non seulement nous devrions
supporter l’augmentation de notre part dans la répartition initiale, mais il
est fort à parier que nos associés exigent de nous une augmentation de notre
part dans le financement global.
Enfin, cerise sur le gâteau, des chercheurs américains travaillant sur la
fusion par confinement inertiel – autre voie de recherche sur la fusion
nucléaire – auraient réussi «à franchir pour la première fois la barrière d’un
mégajoule avec plus de 111 millions de degrés Celsius, en concentrant des
rayons laser de grande puissance dans un tube pas plus grand qu’un
taille-crayon, rempli de deutérium et de tritium».
Ce résultat pourrait achever ITER d’autant plus que l’autorisation de création
n’est toujours délivrée puisque l’enquête publique n’a toujours pas été
réalisée.
Il est donc plus que temps de repenser dans une approche globale et rationnelle
nos investissements énergétiques, sans nous soumettre à la loi des lobbys.